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ENVIRONNEMENT

Centrale nucléaire de Cruas-Meysse : R.A.S. ?

La centrale nucléaire de Cruas-Meysse
R.A.S. ?

Accolée à la montagne ardéchoise et dotée de quatre panaches blancs en bordure du Rhône, la centrale de Cruas-Meysse s'étend sur 148 hectares, à 15 km en amont de Montélimar, 40 km en aval de Valence et 35 km au nord du vaste complexe atomique du Tricastin (voir Rouge & Vert n° 354).

Sur ce site visible de l'A7, EDF multiplie les signes rassurants pour la population. A cet effet, une des tours de refroidissement a été décorée en 1991 d'une fresque murale monumentale, dite "du Verseau", sur le thème de l'écologie (le célèbre bambin assis...), et quelques éoliennes encadrent les bâtiments.

Avec Bugey (voir Rouge & Vert n° 351), St Alban et Tricastin, Cruas est l'une des quatre centrales nucléaires de la vallée du Rhône. Construite à cheval entre les deux communes de Cruas et Meysse, elle regroupe 4 réacteurs à eau pressurisée (REP) du type CPY. Cette technologie de réacteur à eau sous pression – adaptée des sous-marins atomiques et initialement sous licence américaine Westinghouse – est celle de tous les réacteurs électronucléaires en activité en France. Quant au palier CPY, il comprend les 28 vieux réacteurs de 900 MW, répartis sur 7 sites nucléaires, que Framatome a construits aussitôt après les 6 doyens CPO de Fessenheim et du Bugey.

Les opérations de génie civil ont démarré à Cruas pendant le septennat Giscard, en octobre 1977. La construction des réacteurs débute en 1978 (réacteurs 1 et 2) et 1979 (3 et 4) ; les mises en service industrielles s'échelonnent au cours du premier septennat de Mitterrand, entre avril 1984 et avril 1985. Mais, l'âge se calculant à partir de la première connexion au réseau électrique, le réacteur 1 de Cruas aura 30 ans dès avril 2013, et les trois autres en 2014... si l'on n'obtient pas leur fermeture avant !

Pour son refroidissement, Cruas utilise quatre tours aéroréfrigérantes et puise son eau dans le Rhône. Elle fournit environ 5 % de la production nationale d'électricité, et 40 % de la consommation annuelle de la région Rhône-Alpes.


Un combustible très particulier...

Cruas a la spécificité d'être (depuis 1994 pour le réacteur 4) la seule centrale nucléaire à utiliser de l'uranium de retraitement enrichi (URE). Celui-ci, nous informe guillerettement la Lettre de la CLI de Cruas-Meysse, doit être davantage enrichi que l'uranium naturel, car, ô surprise, le "recyclage" effectué à La Hague « ne permet pas de faire totalement disparaître certains éléments absorbant les neutrons ». C'est pourquoi « quatre grappes de contrôle supplémentaires prennent place dans le réacteur pour assurer le maintien des marges de sûreté en matière d'anti-réactivité. » Rassurés ?

Jusqu'à il y a peu, cet URE provenait de Russie... car l'enrichissement de l'uranium de retraitement (URT) ne peut se faire que par centrifugation. Or, l'usine Georges Besse 1 d'Eurodif, au Tricastin, fermée en juin 2012, enrichissait l'uranium par diffusion gazeuse. La nouvelle usine Georges Besse II, elle, pourrait théoriquement enrichir de l'URT... à supposer qu'elle trouve des débouchés.

Pour l'heure, rappelle la Lettre de la CLI, « l'enrichissement produit de l'uranium appauvri, lequel est un déchet. Ce dernier reste la propriété de l'enrichisseur, ce qui n'est actuellement pas un problème pour la Russie ». On est bien contents pour eux...


Les risques prévisibles... mais pas tous prévus

En plus des dangers inhérents au vieillissement des installations, communs à tous les réacteurs de plus d'une vingtaine d'années (cf. l'étude de 2006 cosignée par Greenpeace et les Amis de la Terre Belgique ), Cruas partage les mêmes risques sismiques et d'inondation que sa voisine Tricastin.

Ainsi, dans la nuit du 2 au 3 août 2011, quatre secousses, dont deux de magnitude 4,5 sur l’échelle de Richter, se sont produites dans le sud de l’Ardèche, entre Alès et Montélimar. La zone concernée est située à 18 km à l’ouest du Tricastin, à environ 21 km au nord-ouest du centre nucléaire de Marcoule, et à 30 km au sud-ouest de la centrale de Cruas.

Par ailleurs, dans son dossier départemental des risques majeurs 2004, la préfecture de la Drôme précisait qu'en cas de rupture du barrage de Vouglans, Valence serait atteinte en 16 h 10 et l'onde de submersion arriverait jusqu’à La Coucourde, en face de Cruas.

Quant au risque terroriste, il a été mis en évidence à Cruas même : le 5 décembre 2011 à l'aube, deux militants de Greenpeace se sont introduits dans la centrale. Ils ont réussi à rester cachés plusieurs heures dans un périmètre de sécurité, près des réacteurs nucléaires, avant d'être interpellés, prouvant ainsi que la centrale n’est pas à l’abri d’un acte malveillant qui serait mené par un groupe déterminé et bien entraîné.


Pollutions chimiques et radioactives : les dégâts ordinaires

Dans un courrier daté du 11 juillet 2011, en pleine période de sécheresse, Sortir du Nucléaire Drôme-Ardèche alertait la préfecture de la Drôme des dépassements de rejets dans le Rhône des réacteurs de Cruas et Tricastin. Alors que les débits du Rhône étaient bien inférieurs aux 500 m³/s prévus par un arrêté ministériel, les exploitants des deux centrales réclamaient des autorisations de rejet... qui leur furent comme d'habitude accordées.

D'où, entre autres, une moindre dilution des polluants. En plus des riverains, c'est la Camargue qui trinque, comme l'avait notamment démontré la Criirad en 2000 et 2003 (voir Rouge & Vert n° 354).

Profitons-en pour rappeler que, contrairement aux promesses "d'étanchéité" faites avant leur construction, toutes les centrales nucléaires bénéficient de généreuses autorisations de rejets radioactifs, chimiques et thermiques, régulièrement réactualisées en fonction des demandes d'EDF. Ces rejets sont principalement de trois types :

- Effluents liquides radioactifs : tritium (l'isotope radioactif de l’hydrogène) ; carbone 14 (produit par l’activation de l’oxygène de l’eau du circuit primaire) ; iodes radioactifs (provenant de la fission du combustible nucléaire) ; ainsi que d'autres produits de fission ou d’activation émetteurs de rayonnements, issus de l’activation neutronique ou de la fission du combustible

- Effluents gazeux radioactifs : gaz rares issus de la fission du combustible (les principaux étant le xénon et le krypton) mais aussi tritium et carbone 14 (surtout sous forme de méthane), auxquels s'ajoutent les aérosols – de fines poussières sur lesquelles peuvent se fixer des radioéléments

- Rejets liquides et gazeux de produits chimiques non radioactifs : pour les réacteurs en fonctionnement, ils proviennent en particulier : de l’usure normale des pièces, notamment métalliques (zinc, cuivre...) ; des produits de conditionnement censés garantir l’intégrité du matériel contre la corrosion ; des traitements de l’eau des circuits contre le tartre, la corrosion ou le développement de micro-organismes (amibes, légionnelles...)

Côté chimique, Cruas rejette ainsi en abondance acide borique, lithine, hydrazine, sodium, composés organohalogénés, trihalométhanes utilisés directement ou issus du chlore rajouté comme désinfectant, nitrates et nitrites, sulfates, phosphates, détergents… Une paille !

(Voir, entre autres, sur le site www.anccli.fr – à la rubrique Avis, expertises, analyses du Comité Scientifique – l'avis de 2012 sur Cruas.)


Risque d'explosion d'origine interne

A l’occasion d’inspections conduites par l’ASN (auxquelles participaient des experts de l’IRSN) sur le site de CRUAS les 25 et 26 septembre et le 24 octobre 2008, des corrosions avancées ont été constatées à plusieurs reprises sur les tuyauteries véhiculant de l’hydrogène pur. Dans les réacteurs à eau sous pression, le principal risque d’explosion est lié à cette présence d’hydrogène. En particulier, une canalisation amène de l’hydrogène pur depuis le parc à gaz jusque dans les locaux du bâtiment des auxiliaires nucléaires. « Une fuite d’hydrogène non maîtrisée pourrait, en présence d’une source d’inflammation, entraîner une explosion de gaz dont les effets (onde de choc, élévation de température, émission de projectiles) seraient susceptibles d’affecter, d’une part le personnel présent dans l’installation, d’autre part les équipements et structures nécessaires à la conduite et au maintien à l’état sûr de l’installation. ».  ° Décision n°2008-DC-0118 de l'Autorité de sûreté nucléaire du 13 novembre 2008 relative à la maîtrise du risque d'explosion d'origine interne dans les centrales nucléaires exploitées par EDF.

Depuis les canalisations de Cruas sont sous le contrôle de l’ASN, mais plus cette centrale vieillira plus le risque sera grand.

Quant aux rejets radioactifs, ils sont loin d'être aussi maîtrisés et anodins que le prétend EDF.

Au début de l’année 2004, par exemple, des analyses de routine ont détecté la présence de tritium dans les nappes phréatiques sous le site. Du reste, la petite taille de la molécule de tritium la rend quasi impossible à confiner. Or sa toxicité, longtemps minimisée, a récemment été revue à la hausse, en particulier sous sa forme organiquement liée.

Cruas semble par ailleurs spécialiste en dégazages accidentels. Ainsi, le 28 janvier 1999, deux évacuations de personnels ont été nécessaires à la suite de dégazages radioactifs. Et le 6 novembre 2012, 27 salariés de deux bâtiments de l'unité de production n°2 (en arrêt-maintenance) ont dû être évacués à 8 h 10 après la détection d'un dégagement gazeux.

Mais bien sûr, rien de tout cela ne saurait empêcher Cruas de bénéficier, comme toutes les autres centrales nucléaires françaises, du maintien de sa certification environnementale ISO 14001...


Et le personnel, dans tout ça ?

80 % des ouvriers de la maintenance des centrales nucléaires françaises viennent désormais de la sous-traitance (jusqu’à 8 niveaux !). Sur Cruas, il faut voir le film de Alain de Halleux : RAS Nucléaire, Rien à signaler, tourné en février 2008 : neuf salariés d'une entreprise sous-traitante avaient entamé une grève de la faim pour sauvegarder leur emploi à la centrale. L’accès au site a été bloqué et de nombreux salariés ont débrayé, soutenus par la population.

En juillet 2012, une grève des intérimaires de l'entreprise Essor (filiale du groupe Vinci) travaillant à Cruas a encore rappelé le sort réservé à la sous-traitance dans le nucléaire. Ces salariés ont décidé d'arrêter le travail suite à la recommandation, faite par la commission des marchés pour le renouvellement au 1er janvier 2013 des contrats de maintenance et logistique sur 4 centrales (Cruas, Blayais, Golfech et Civaux), de scinder en deux, pour le seul site de Cruas, le marché de logistique confié depuis 5 ans à ESSOR. Comme dans le secteur du nettoyage ou du gardiennage, la séparation des marchés sert à isoler le personnel et à casser les structures syndicales. Après trois semaines de grève, la direction EDF a fait marche arrière.

Cerise sur le gâteau, le mois précédent (note du 22 juin), l'ASN avait encore reproché à EDF quantité d'infractions à la législation sur la durée du travail et les temps de repos dans plusieurs centrales nucléaires inspectées à titre de test...

A Cruas, 26,4 % du personnel permanent est hors statut EDF. Lors des arrêts de "tranches" pour maintenance et autres opérations, la majorité du personnel présent sur la centrale est également hors statut. Selon un dossier de presse EDF de février 2012, quelque 400 entreprises extérieures, surtout régionales, sont intervenues à Cruas en 2011. Comme dans d'autres services publics en butte à la privatisation, le malaise du personnel engendre de graves dysfonctionnements... aux conséquences potentiellement vertigineuses dès lors qu'il s'agit d'énergie atomique.


Conclusion ?

La centrale de Cruas est, comme celle du Tricastin, en plein cœur d’une zone à forte densité de population. Un accident majeur, ne serait-ce que sur un des quatre réacteurs, entraineraît l’évacuation de plusieurs centaines de milliers de personnes ou leur mise en danger si, comme à Fukushima, les autorités décidaient de ne pas évacuer.

Même sans catastrophe, cette centrale, dont les réacteurs atteindront en 2013 et 2014 l'âge limite envisagé à leur conception, et qui fonctionnent avec un combustible encore plus problématique que l'uranium habituel, pollue déjà beaucoup le Rhône et son delta. Et ses rejets gazeux menacent des ressources agricoles et alimentaires locales (champignons, châtaignes…) particulièrement sensibles aux radioéléments.

C’est aussi à Cruas que se sont développées les plus importantes luttes de salariés intérimaires. Ils y dénoncent à juste titre la folie du travail en cascade de sous-traitance, le travail sous payé dans des conditions de sécurité aléatoires, l'inévitable perte des connaissances professionnelles pourtant indispensables dans une telle industrie... Il faut sauvegarder l'emploi, bien entendu. Mais qui peut souhaiter pérenniser ou même multiplier des emplois où, comme ne cesse de le dénoncer l'association Santé Sous-Traitance Nucléaire Chimie, certains doivent, même en temps dit "normal", accepter d'écourter leur vie pour tenter de la gagner ?

La vallée du Rhône a du soleil, de l’eau, du vent, et des réseaux citoyens capables de créer des sources d'énergie locales adaptées. Elle n’a pas besoin du nucléaire. Mais le nucléaire peut l'annihiler. Or plus le temps passe, plus s'en accroissent les probabilités. A nous de les déjouer.

Dominique Malvaud (SDN  Drôme-Ardèche) et Marie-Christine Gamberini
(signataire de l'Appel des Femmes pour l'Arrêt immédiat du Recours à l'Energie atomique)

Pour en savoir plus et rejoindre la lutte :
http://coordination-antinucleaire-sudest.net/2012/
http://collectifantinucleaire13.wordpress.com/
http://www.sdn26-07.org/blog/
http://www.fairea.fr


LA CENTRALE DE CRUAS EN CHIFFRES

4 x 915 MW
Déclaration d'utilité publique : 27 février 1978
Âge (raccordement au réseau) : 04/1983 (R1) ;
05/1984 (R3) ; 09/1984 (R2) ; 10/1984 (R4)
Combustible : Oxyde d'uranium + URE (uranium de retraitement enrichi)
Effectif EDF : 1 227 salariés (âge moyen 42,1 ans)
Salariés permanents d’entreprises locales : 440
Salariés d’entreprises extérieures lors des arrêts : 300 à 800
Accidents avec arrêt de travail en 2011 : 27 (personnel EDF, rien sur intérimaires et sous-traitants)

Population dans un rayon de :
10 km : 24 000 habitants
100 km : 3 200 000 habitants
300 km : 24 300 000 habitants

La centrale contribue à la fiscalité locale à hauteur de 61 millions d’euros, dont la moitié en taxe spécifique sur les installations nucléaires.

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