La Caricature du Mois de Juin 2015 par Roland Hours
La Caricature du Mois de Juin 2015 par Roland Hours :
Actualité / Dessin
Roland Hours vous propose la Caricature du mois sur votre site d'Actualité www.Planete-Ardechoise.com !
Retrouvez chaque mois une nouvelle caricature.
Livre : Joyeuse souvenance
J‘avais énormément de mal à comprendre pourquoi les disciplines qui m’ouvraient plutôt l’esprit comme le dessin ou la musique, possédaient les coefficients les plus ridicules de toute l’académie. Les mathématiques par exemple, fières et strictes bénéficiaient d’une côte effrayante, alors qu’elles m’abrutissaient la tête. En un mot, le petit homme que la société voulait courageusement construire en moi, digérait mal cette harmonisation des choses.
A cette époque, j’avais un instituteur à la punition alerte et à la récompense rare. Une après-midi de lecture expliquée, il s’évertuait du haut de son trône d’isorel à différencier la rime pauvre de la rime riche. Deux exemples étaient écrits au tableau.
Pauvre: S’il n’y avait de fumée sur le toit des chaumières, C’est que dans ces contrées ne régnait que misère.
Riche: Mais qui donc aurait cru que les Karamazof Avaient mis tant d’écus dans le fond de leur coffre.
En silence, tous les élèves recopiaient scrupuleusement les phrases écrites au tableau, donc paroles d’évangile. Moi, modestie à part, j’avais la fibre musicale. Elle me fit renifler le piège. Par-dessus ses lunettes de bout de nez, sournoisement, le maître s’amusait à guetter ma perplexité et mes hésitations à écrire. « Toi au fond, tu veux que je te tienne la main! » fit-il claquer.
En toute logique, j’aurais dû m’écraser sur mon banc et tremper immédiatement ma plume dans l’encrier. Mais je le vis observer intensément ma réaction. L’intérêt qu’il me portait étant bigrement anormal, je lui répondis: « Euh, m’sieur, je crois qu’il y a..... Une erreur au tableau. »
« Ah oui? Et où? » « Euh, la pauvre est riche et. La riche est pauvre. » Evidemment toute la classe pliée pouffa. « Viens ici! » m’ordonna-t-il avec un calme annonciateur de tempête. Comme une flaque, je coulai vers l’estrade, la bouche sèche et le front mouillé. Les secondes furent des siècles.
Tout d’un coup, la classe médusée entendit l’instituteur me féliciter et couvrir mon courage de louanges. En retournant à ma place, je savourais la lourde atmosphère qui planait sur les rangés silencieuses de bureaux. Ils étaient vingt-neuf, j’étais seul mais j’avais raison. Ce fut le début de mes doutes sur la notion de démocratie. Plus tard, je constatai que ce moyen de gouverner les hommes était le moins pire connu à l’heure actuelle.
Pourtant la preuve par le plus grand nombre me laissait sur ma faim. J’aimais bien raconter à mes copains (qui s’en foutaient royalement), cette étonnante et imaginaire expérience: Prenez un grand récipient, versez cent êtres humains, (en liquide), hommes et femmes répartis au hasard. Touillez. Il suffit que cinquante et un soient des abrutis, pour que le mélange vire merdique, glauque. Les quarante-neuf autres sont piégés.
La majorité fait donc farce de loi. Cette conclusion finement humoristique ne faisant rire que moi, il ne me restait plus qu’à remettre au fond de ma poche mes théories politiques de cours de récréation. Cette mini rébellion sur les choses établies n’engageait que moi et n’eut aucune influence sur la marche du monde. Pourtant, elle me fit apprécier jusqu’à aujourd’hui cette recherche savoureuse d’équilibre entre obéissance et anarchie.
Les chemins de chèvres escarpés qui s’amusaient en toute liberté sur le flanc des collines m’attiraient plus que le goudron de la route nationale. Leurs tracés secrets et apparemment anarchiques obéissaient à des lois naturelles qu’aucune autoroute au monde ne peut comprendre.
Déjà à cette époque, je commençais à écouter un drôle de chanteur qui de sillons en sillons, devint mon second père spirituel. Il s’appelait Brassens et ne chantait que pour moi. Ses poèmes murmuraient à mon oreille: « Je suis un anarchiste qui traverse dans les clous pour que personne ne m’emmerde. » Ca me faisait du bien.
( extrait du livre « Joyeuse souvenance » de Roland Hours )
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